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To be or not to be Charlie ? – Les larmes du Prophète

Dessins monde entier charlie hebdo na Un journal existait, que je n'aimais pas beaucoup, tout comme je n'avais pas aimé son prédécesseur Hara-Kiri. Parce que je n'apprécie ni la vulgarité ni la provocation gratuite. Ni la gaudriole exacerbée. Ni l'humour potache, ni la mise en scène d'obsessions scabreuses. Question de goût. Du temps que mes parents étaient libraires, j'ai quelquefois feuilleté ces magazines, l'un puis l'autre, et aussi à l'occasion de certains événements particuliers. Sans plaisir, en général, même si quelques-uns de leurs dessinateurs avaient un vrai talent, tel Cabu dont « Le grand Duduche » avait fait mes délices il y a longtemps, si longtemps. Trop longtemps.
Il existe bien des organes de presse, bien des romans aussi, et des films, et des idées politiques, et des positions philosophiques, et même des croyances prétendument religieuses, et bien d'autres choses encore, que je n'apprécie pas, auxquelles je n'adhère pas. Comme il existe des gens que je trouve tout à fait déplaisants. Ces gens-là, je ne les fréquente pas. Je m'efforce de ne pas les croiser, de les rencontrer le moins possible, mais je ne m'empare pas d'une arme pour les tuer. De même, ces revues, ces magazines, ces livres, ces films, je ne les achète pas, je ne les lis pas, je ne les regarde pas. Les idées qui me semblent fausses ou dangereuses, je les combats par la parole, par l'écriture. Je les combattrais par le dessin si je savais dessiner. Ou je les ignore. C'est ainsi qu'il faut faire, quand quelque chose ou quelqu'un ne nous plaît pas, pour de bonnes ou de mauvaises raisons : on l'évite ou on le conteste.
Je conçois volontiers que tout le monde ne partage pas mon avis. J'admets que d'autres aiment des gens que moi, je juge imbuvables. J'accepte que quelques-uns de mes contemporains aient d'autres goûts que les miens, d'autres idées que les miennes, d'autres croyances et d'autres refus, d'autres moyens d'expression… J'avoue d'ailleurs que certains des dessins de Charlie Hebdo m'ont fait rire et, quelquefois, m'ont amenée à réfléchir. Grossiers parfois, vulgaires souvent, provocateurs presque toujours, mais talentueux, aucun doute là-dessus. Et l'outrance et la caricature ont au moins le mérite de mettre en lumière certains ridicules, certaines hypocrisies, certains travers de notre société. Dénoncer ces travers par le biais de l'humour, même si cet humour n'est pas toujours de bon goût, c'est quand même beaucoup mieux que le faire par la violence, qu'elle soit verbale ou physique, ou par le meurtre.
Les gars de Hara-Kiri et de Charlie Hebdo, c'étaient des sales gamins qui n'avaient pas su grandir. Des adolescents prolongés, des soixante-huitards attardés, des anarchistes sans bombes. Ils n'avaient pas tort sur tout. Ils n'avaient pas non plus raison sur tout. Bien sûr, j'avais le droit de ne pas aimer ce qu'ils publiaient, tout comme j'ai le droit, aujourd'hui, de le dire. Mais ils avaient le droit, eux, de s'exprimer à leur façon, bonne ou mauvaise, et le public avait le droit de les lire, de les admirer ou de les rejeter, de les critiquer. Surtout, ils avaient le droit de vivre.
Sarkozy, pour ne pas varier dans ses habitudes, y est allé de son petit couplet sur la civilisation et la barbarie. Qu'est-ce donc que la civilisation, me suis-je demandé ? Qu'est-ce qui la distingue de cette barbarie sauvage qui conduit deux individus à massacrer des hommes dont le seul tort est de publier des dessins satiriques, pendant qu'un troisième s'en va tuer du juif pour la simple raison qu'il est juif ? Pourquoi ne pas tuer du noir parce qu'il est noir, de l'indien parce qu'il est indien, de l'arabe parce qu'il est arabe, du flamand, du wallon, du jeune, du vieux, du blond, du roux, du n'importe quoi ou du n'importe qui, juste parce qu'il est ce qu'il est ? Du flic parce qu'il est flic, par exemple, même s'il se prénomme Ahmed et qu'il est musulman.
Massacrer des êtres pour ce qu'ils sont : voilà une idée qui n'est pas neuve, et qui a connu déjà un certain succès en bien des lieux. En Arménie au début du vingtième siècle, dans toute l'Europe dans les années 40, au Rwanda dans les années 90, au Cambodge, en Tchétchénie, en Bosnie… et la liste n'est pas exhaustive. Comme quoi la barbarie n'a pas de couleur, pas de nationalité, et moins encore de religion. La France elle-même, qui aime tant à se définir par « les valeurs de la République » et se définir comme « la patrie des droits de l'homme » devrait se souvenir qu'elle s'est construite, cette république, sur un bain de sang que l'Iran des Ayatollah n'eût pas renié. Combien de gens coupés en deux au terme de pseudo procès, pour la seule raison qu'ils étaient prêtres ou portaient un nom à particule ? C'était il y a plus de deux siècles, me direz-vous. Certes. Vichy, par contre, et le Vel d'Hiv, c'est plus récent. Tout comme l'Allemagne nazie. Croyez-moi, nul n'est à l'abri, nul ne peut se proclamer juste ou pur. Les victimes d'hier sont quelquefois les bourreaux d'aujourd'hui. La barbarie nous guette tous, elle sommeille en chacun de nous. C'est là qu'il faut la combattre d'abord, et ce combat-là, peut-être est-ce seulement ce que l'on appelle la civilisation qui peut le mener.
Qu'est-ce donc que la « civilisation » ? me demanderez-vous. Sans doute existe-t-il bien des manières de la définir. Il me semble, quant à moi, que l'un de ses aspects essentiels réside dans le respect des lois (des lois justes, s'entend). Dans le respect des droits de l'homme en général, et dans le respect de ce que l'on appelle (et ce n'est pas un hasard) « LE droit ». Or l'un des droits fondamentaux de tout pays civilisé, c'est-à-dire de tout pays démocratique, sous quelque latitude qu'il se situe, est bien la liberté d'opinion et d'expression, qui ne peut évidemment être dissociée de la liberté de la presse. Un organe de presse ou même un particulier doivent jouir de la liberté totale et absolue de s'exprimer, pour autant qu'ils restent dans le cadre de la loi. Ce sont les tribunaux qui ont à intervenir lorsqu'un journaliste, un artiste, un simple citoyen, publient (même si ce n'est « que » sur face book) des textes ou des images contraires à la loi, tels des propos racistes ou constituant une incitation à la haine ou au meurtre. Et j'en ai vu beaucoup, de ces jours-ci, bien plus graves et dangereux que les dessins de « Charlie ».
Vous n'aimez pas Charlie Hebdo ? Fort bien, je ne l'aime pas non plus. Faites donc comme moi : ne l'achetez pas. Vous le jugez choquant, insultant, blasphématoire par rapport à ce qui constitue VOTRE code de conduite, votre orientation philosophique, vos croyances religieuses ? Vous en avez le droit, et je puis vous comprendre. Vous estimez que tel ou tel de ses collaborateurs va vraiment trop loin ? Déposez plainte contre lui, et laissez les tribunaux faire leur travail. Mais dans la mesure où ce que vous appelez « blasphémer » ne constitue pas une invitation à la haine et à la violence, dans la mesure où la caricature vise à faire rire ou à choquer et non à pousser les gens à s'emparer d'un fusil, je crains que ces plaintes restent lettres mortes, et c'est bien ainsi.
Pas de sanction judiciaire en effet pour le blasphème, car le blasphème (Grâces en soient rendues à Dieu qui peut-être n'existe pas) n'est pas un délit au sens juridique du terme. Quoi de plus logique, puisque la croyance et l'appartenance à une religion sont du domaine privé ? Si chacun est parfaitement libre d'adhérer à la religion de son choix et de la pratiquer comme il l'entend, il n'en reste pas moins que son voisin de palier, son camarade de classe, son charcutier ou son médecin adhèrent peut-être, pour ce qui les concerne, à une autre religion, ou bien se rangent parmi les athées ou les agnostiques. Comment un chrétien pourrait-il se rendre coupable de blasphème contre l'Islam, puisque telle n'est pas sa religion ? Comment un athée pourrait-il blasphémer le Christ, puisqu'il n'est pas chrétien ? Si je m'en réfère au Grand Robert de la langue française en 9 volumes, je découvre en effet que le blasphème est une « parole qui outrage la Divinité, la religion, le sacré ». Littré et le dictionnaire de l'Académie française vont dans le même sens. Il découle de cette définition que nul ne peut outrager une Divinité qui pour lui n'existe pas, une religion à laquelle il ne croit pas ; ce qui revient à dire qu'un incroyant, par définition et par essence, ne peut se rendre coupable de blasphème. Tuer le prétendu blasphémateur revient tout simplement à tuer celui qui ne pense pas comme moi, celui qui ne croit pas ce que je crois. La voilà, la barbarie. Si Sartre vivait aujourd'hui, lui qui considérait toute forme de religion comme une manifestation de mauvaise foi (propos blasphématoire s'il en est), peut-être aurait-il été tué, lui aussi…
Quant à la notion de sacré, elle est plus floue encore. Pour un athée, il n'est rien de sacré dans la religion, que d'ailleurs il perçoit peut-être comme une absurdité ; pour un agnostique, rien non plus de sacré dans l'éventualité de l'existence d'un Dieu sur lequel il s'interroge. Pour ceux-là, cependant, seront peut-être sacrés leur patrie, leur famille, l'enfant à naître, leur mère, la vie elle-même, que sais-je encore ? Autant d'objets potentiels de blasphème.
Et quand bien même le blasphème existerait et correspondait à quelque chose de réel, de définissable, d'explicable, quand bien même serions-nous tous croyants et pratiquants de la même religion (horrible perspective, en vérité !), ce prétendu délit mériterait-il la mort ? Dieu, s'il existe, n'est-il donc pas capable de se défendre tout seul, de châtier lui-même ceux qu'il voudrait punir ? Qu'est-ce que donc que cette croyance fanatique qui ose prendre sa place, celle de Dieu, qui ose juger en son nom, massacrer des gens dont la seule faute est de penser « mal » ? C'est à vous dégoûter de toute forme de religion ! Et je ne cite que pour mémoire l'humour et l'ironie involontaires qu'il y a dans le fait de sans cesse associer le nom du prophète de l'Islam à l'expression « le très miséricordieux », alors même que l'on tue, que l'on massacre, que l'on invite à la haine en son nom. Et je ne me limite pas ici aux 12 morts de Charlie Hebdo ; je pense aussi aux milliers de victimes de l'État Islamique en Syrie et ailleurs, à celles de Boko Haram au Nigéria… Belle miséricorde, en vérité ! Ils n'ont pas tort, les survivants, de l'avoir représenté en larmes avec à la bouche les mots d'un pardon bien nécessaire. Car il a de quoi pleurer, certes, le Prophète, et depuis longtemps. Tout comme le Christ a trop souvent eu de quoi pleurer lui aussi devant les croisades, les bûchers de l'Inquisition, les guerres de religion, la Saint-Barthélémy… Reste à espérer que, prophète ou messie, ils pourront pardonner tout cela à ces fous furieux fanatiques qui se réclament d'eux, à ces « fous qui n'ont ni couleur ni religion » comme l'a proclamé devant les caméras le frère d'Ahmed Merabed. Car le vrai blasphème, le seul sans doute, c'est là qu'il se situe : dans le meurtre commis au nom de Dieu, quelle que soit la manière dont on l'appelle ou la langue dans laquelle on l'invoque.
En ce qui me concerne, je ne suis ni prophétesse ni sainte et, je le reconnais, je conçois mal la possibilité d'un pardon face aux flots de sang qui depuis toujours noient la terre au nom de Dieu.
Mais je m'égare. Revenons à Charlie Hebdo que je n'aime pas plus aujourd'hui qu'hier. Ce qui ne m'empêche pas de proclamer, moi aussi, que « je suis Charlie ». Car je suis un être humain doué de raison, je suis une citoyenne libre de penser et de s'exprimer, même si ma façon de penser et de m'exprimer peut en choquer certains.
Je veux pouvoir continuer de vivre dans un pays et une civilisation où ces droits existent. Je veux rester libre. Voilà pourquoi, aujourd'hui, « je suis Charlie ». Parce que je suis ce qui refuse toute entrave à sa liberté et à son intégrité. Je suis ce qui persiste à respecter l'autre, l'étranger, celui qui ne pense pas comme moi, celui qui ne prie pas comme moi, celui qui ne s'habille pas comme moi, ne parle pas la même langue que moi, ne partage pas mes coutumes. Je suis ce qui se relève quand on l'a jeté à terre, je suis la voix qui s'élève après avoir été muselée. Je suis ce qui survit et se révolte. Je suis tout cela, que l'on a voulu tuer le 7 janvier 2015, en plus d'avoir exécuté sauvagement des êtres de chair et de sang qui jamais n'avaient porté les armes, ni incité quiconque à partir en guerre.

 

Phèdre à l’Élysée

Aucune intention de lire ni d'acheter le « Moment » de Valérie Trierweiler. Internet et les médias en général bruissent suffisamment d'extraits, de réactions, de prises de position pour ou contre ce livre (surtout contre), pour ou contre le président Hollande (surtout contre, là aussi)... C'est un peu comme « Les fruits d'or » dans le roman éponyme et en abyme de Nathalie Sarraute : tout le monde en parle, chacun a une opinion, mais personne ne l'a lu. Plus besoin d'ailleurs aujourd'hui de lire pour avoir quelque chose à dire sur ce qui est écrit. Les éditions de Minuit n'ont-elles pas publié naguère un ouvrage de Pierre Bayard, intitulé précisément « Comment parler des livres qu'on n'a pas lus » ? Livre certainement très intéressant, mais que je n'ai pas lu, justement, et dont je ne parlerai donc pas.
Le Moment trierwielerien serait, si j'en crois les médias, un modèle de goujaterie et de muflerie (qualités cependant recensées comme plutôt masculines), mais aussi d'inconscience, de perfidie, de fourberie, de vengeance, de jalousie, d'indécence, de trahison, d'appât du gain, de férocité, de méchanceté… : autant de défauts souvent qualifiés de « typiquement féminins ». C'est « une faute honteuse », un « appel au voyeurisme », « une attaque contre l'esprit civique » et « une menace pour les institutions ». Bigre ! Rien que ça.
Des animateurs de talk-shows (en français dans le texte), des journalistes, des critiques littéraires, des analystes politiques et même des sociologues et autres philosophes s'en emparent, le commentent (sans que nul ne sache s'ils l'ont seulement ouvert).
Mais si peu de gens – du moins au sein de l'intelligentsia – l'ont lu ou avouent l'avoir parcouru, tout le monde par contre l'a acheté (cherchez l'erreur). 145.000 exemplaires vendus déjà, sur un premier tirage de 200.000 exemplaires. Cela laisse rêveur. Combien de ventes du dernier Marc Lévy, du nouveau Guillaume Musso, de l'inévitable Amélie Nothomb de la rentrée ? Dans une autre catégorie, combien de ventes, dites-moi, et quel tirage, de mon dernier roman, de mon prochain recueil de nouvelles ou même de mes « Grandes Affaires criminelles de Belgique » ? Pour un coup médiatique, c'est réussi, aucun doute là-dessus. Mais bon : tout le monde n'a pas la chance d'avoir vécu une idylle avec un chef d'État. Rien à espérer donc de ce côté pour ma notoriété ou mon compte en banque.
Oui, je sais, il ne faut pas comparer ce qui n'est pas comparable, et le pavé de Trierweiler, lancé en pleine face du pauvre François Hollande qui n'avait vraiment pas besoin de ça, n'appartient pas au même registre. J'ignore ce qu'il vaut sur le plan littéraire – et je ne prendrai pas non plus position sur la valeur littéraire des auteurs cités dans les lignes qui précèdent. Si j'en crois les critiques qui sont censés l'avoir lu, il est très mauvais dans ce domaine. Il contiendrait même 8 fautes impardonnables (huit, pensez donc !) dûment recensées sur le Net et sans doute ailleurs. Ceux qui me connaissent le savent : loin de moi l'intention d'absoudre le pseudo-écrivain qui se montre ainsi coupable d'avoir bafoué la grammaire et l'orthographe. Mais enfin, ce n'est pas sur ce point que j'attaquerais, si j'en avais le projet, la médiatique ex-première concubine cocufiée de la République. Car j'ai dans le ventre de mon ordinateur des pages et des pages de fautes tout aussi impardonnables commises par d'autres auteurs, et non des moindres, publiés chez de grands éditeurs (mais que font les correcteurs ?) et quelquefois primés, de Frank ANDRIAT à Florian ZELLER en passant par Pierre ASSOULINE, Jacques ATTALI, René BARJAVEL, Tonino BENACQUISTA, Tahar BEN JELLOUN, Philippe BESSON, Patrick BESSON, Hugo BORIS, David CAMUS, Patrick CAUVIN, Philippe CLAUDEL, Bernard CLAVEL, Maryse CONDÉ, Jean-Paul DUBOIS, Marguerite DURAS, Vincent ENGEL, Jean-Louis FOURNIER, Alexandre Diego GARY, Anne GAVALDA, Patrick GRAINVILLE, Jacqueline HARPMAN, Michel HOUELLEBECQ, Joseph JOFFO, Yasmina KHADRA, Stéphane LAMBERT, J.M.G. LE CLÉZIO, Gilles LEROY, Alain MABANCKOU, Hugo MARSAN, Guy de MAUPASSANT, Jacques MERCIER, Frédéric MITERRAND, Patrick MODIANO, MOKA, Tierno MONÉNEMBO, Guillaume MUSSO, Irène NÉMIROVSKY, Amélie NOTHOMB, Jean-Marc PARISIS, Pierre PÉAN, Jean-Christian PETITFILS, Yann QUEFFÉLEC, Guy RACHET, Jules RENARD, Foulek RINGELHEIM, Jean-Paul SARTRE, Éric-Emmanuel SCHMITT, Jean-Philippe TOUSSAINT, Frédérick TRISTAN, Charles VAN LERBERGHE, Bernard WERBER. Il ne vous aura pas échappé que cette liste comporte plusieurs prix Goncourt, et même deux prix Nobel. J'ajoute qu'elle ne provient que de mes propres découvertes, et que par conséquent bien des auteurs n'y figurent pas pour la seule raison que je ne les lis pas. Et je ne parlerai que pour mémoire des fautes commises par les traducteurs. À mon sens d'ailleurs, en cette matière, ce sont les éditeurs qui sont à blâmer. À eux de refuser un texte incorrect (et l'on sait qu'ils ne se privent pas d'en refuser beaucoup, pour d'autres raisons), à eux s'ils l'acceptent de le faire relire et corriger. Si quelqu'un dans ce milieu a besoin de mes services, je suis disponible.
Foin donc des fautes d'orthographe commises par l'ex-etc. (voir plus haut). Pour ce qui est des fautes morales et des fautes de goût, c'est une autre histoire, qui m'échappe un peu. C'est que je ne suis pas française, moi, et que j'imagine mal notre charmant Philippe se livrant aux turpitudes de l'adultère avec une quelconque journaliste ou actrice. N'est pas Léopold II qui veut, n'est-ce pas ? Quant aux amours coupables ou non de nos Premiers ministres (quand nous avons la chance d'être gouvernés), tout le monde s'en fiche, et c'est très bien comme ça. Ce n'est donc pas la trahison ou le machisme du père François, ni la brutalité de la rupture ou les errances entre salle de bain présidentielle et chambre à coucher élyséenne qui m'intéresseraient, si j'avais l'idée étrange d'ouvrir ce bouquin. Quant à dire si monsieur Hollande a vraiment parlé de « sans dents » pour désigner « les pauvres » qu'il mépriserait dans l'intimité, qui peut savoir si la chose est vraie, tant la perfidie et la fureur d'une femme outragée peuvent être excessives ? Beaucoup de bruit pour rien, comme l'aurait écrit un autre écrivain, un vrai celui-là. À l'instar d'Astérix, archétype du petit Français chauvin et franchouillard, qui proclame fièrement qu' « ils sont fous, ces Romains » (mais aussi ces Bretons, ces Helvètes et tout ce qui n'était pas purement gaulois), j'ai envie de m'écrier qu'ils sont fous, ces Français, d'accorder foi aux propos d'une femme bafouée en quête de vengeance. Et de s'agiter ainsi pour une banale affaire de vindicte amoureuse. Que l'on se souvienne donc de Phèdre prête à détruire qui n'a pas voulu répondre à sa flamme, et consciente de ses excès. 
Cache-moi bien plutôt, je n'ai que trop parlé.
 Mes fureurs au-dehors ont osé se répandre.

  J'ai dit ce que jamais on ne devait entendre.
                                                     (Acte III, scène I)

La seule leçon à tirer de ce qui m'apparaît comme un vaudeville plutôt qu'une tragédie est qu'il convient d'être prudent, tout président que l'on soit. Une femme qui sait écrire (même mal) peut être très dangereuse. Elle n'a pas besoin de poison ou de dague effilée pour détruire qui la repousse… Souvenez-vous :
 Ce n'est plus une ardeur dans mes veines cachée :
 C'est Vénus tout entière à sa proie attachée.

                                      (Acte I, scène III)

Même si, dans le cas présent, nous sommes loin de Phèdre. Ou alors une « Phèdreke » comme on dit à Bruxelles.
Et mon Dieu, pourquoi ne pas l'avouer ? À mon sens, le seul crime que l'on puisse imputer ici à madame T est – peut-être – l'absence de talent. Pour le reste… Qu'elle ait voulu se venger après avoir été bafouée et méprisée (si du moins l'on en croit les journaux people), quoi de plus naturel ? Qu'elle ait eu envie de montrer à ses concitoyens le vrai visage de celui qui les dirige, peut-on vraiment le lui reprocher ? Il ne s'agit pas ici de révéler quelque secret d'alcôve, ni de mélanger vie privée et vie publique ou politique, comme l'écrit la quasi-totalité des tartufes hexagonaux, mais de dévoiler la vérité d'un homme. Car je ne pense pas qu'un menteur cesse d'être menteur dès lors qu'il s'agit de gouverner, qu'un lâche devienne courageux quand il cesse d'être mari ou amant pour devenir homme politique. Et je me dis avec un zeste de perversité qu'il n'eût plus fallu qu'elle enregistrât l'une ou l'autre de leurs conversations intimes, dans laquelle peut-être son présidentiel amant exprimait son prétendu mépris du petit peuple de France… C'est alors que les choses deviendraient réellement amusantes !
Il n'en reste pas moins qu'en attendant cet hypothétique et peu probable « moment » de franche rigolade, je n'achèterai ni ne lirai l'œuvre de la vindicative amante délaissée… Parce que j'aime la vraie littérature.

Cachez ce sein...

Mais non, je ne m'appelle pas Tartuffe. Mais j'aimerais quand même que quelqu'un m'explique un jour en quoi se dépoitrailler (par ces temps de frimas…) constitue un acte de militantisme pour quelque cause que ce soit. Voir sur tous les écrans de télévision, à la une des magazines, un peu partout sur le Net, des femmes (le plus souvent jeunes et jolies certes) exhiber agressivement leurs seins décorés de slogans illisibles, tout cela ne me donne guère envie de me rallier à leur cause, ni même de me renseigner sur ladite cause. Féminisme ? Liberté d'expression ? On me dit qu'il s'agit de défendre les droits des femmes et la démocratie, de lutter contre la corruption, la prostitution, la religion…

Femen En quoi, je vous le demande, l'exhibition de quelques tétons plus ou moins charnus constitue-t-elle une manière de promouvoir la démocratie ou de lutter contre la prostitution ?

Tout cela me paraît aussi ridicule qu'excessif. Et inutile de surcroît, en tout cas s'il s'agit de servir une cause. S'il est question d'attirer l'attention sur soi en dévoilant ses charmes, c'est autre chose. C'est d'ailleurs ce que font très bien les prostituées, justement, dans les jolies vitrines au néon du quartier de la Gare du Nord.

Proclamer et afficher sur toutes sortes de supports les slogans les plus divers, exprimer ses idées sur une multitude de sujets, militer pour ceci ou contre cela, ameuter la presse, défiler dans les rues, mon Dieu, pourquoi pas ? Tout cela relève, en effet, de la liberté d'expression et de la démocratie. Je ne suis pas certaine par contre que l'exhibitionnisme ou le naturisme (et nous n'en sommes pas loin dans le cas présent) relèvent de la même liberté d'expression, sauf à pratiquer ce naturisme en des lieux prévus pour cela, afin de ne choquer personne. Mais nous sommes loin ici de la communion avec la nature, de plaisir que l'on peut avoir à ressentir sur tout son corps la caresse toute platonique du soleil et du vent de l'été…

Ne choquer personne. C'est là que réside, me semble-t-il, le nœud du problème : dans notre société occidentale (et dans la plupart des autres sociétés dites civilisées), les seins sont considérés comme un élément de séduction à forte connotation sexuelle, sinon érotique. Rarissimes sont les plages, en été, à autoriser le bronzage topless, toujours dans le souci de ne choquer personne et surtout pas les enfants. Ou dans l'ambition louable de ne pas stimuler, j'imagine, la libido des autres estivants. Il n'y a guère que dans les musées et dans certaines séquences de films que l'on nous montre les seins des femmes, et toujours dans un contexte précis qui est celui de l'art. Ou celui de l'amour. Ou celui de l'érotisme, voire de la pornographie. Ou –1875 renoir auguste etude torse effet de soleil study chest effect of sun​ et cela reste de l'amour, en somme – dans celui d'une mère allaitant son enfant.

Ah, la beauté fulgurante des marbres antiques ou Renaissance, de ceux créés par Rodin… La splendeur de ces Rubens, de ces Renoir, celle des Botticelli, des Caillebotte, des Courbet, des Degas… La beauté de Catherine Deneuve dans Belle de Jour, celle de BB en son temps…

Quel rapport, je vous le demande, avec le militantisme, avec la démocratie ?

N'ont-elles donc aucun autre moyen, ces viragos en colère, d'exprimer ce qu'elles pensent (si tant est qu'elles pensent…) ? Pas de mots, pas de phrases, pas d'idées ? Aucun talent oratoire ou littéraire ? Rien d'autre que des hurlements hystériques et incompréhensibles pour accompagner le spectacle navrant de leur demi-nudité militante ? Pas la plus petite once de créativité pour rédiger quelque pamphlet, pour « buzzer » sur YouTube ou sur Facebook, pour rapper, slammer, que sais-je ?

Non. Juste ce geste absurde et grotesque de placer leurs mamelles sous le nez d'inconnus qui n'ont rien demandé.

Consternant, je vous le dis. Et révélateur quant au degré de vulgarité et de crétinisme atteint par notre société, quant au degré de voyeurisme et de platitude des médias qui font la une avec de telles images. Pendant ce temps, des gens meurent en Syrie et ailleurs. Pendant ce temps, des femmes, ailleurs encore, sont violées chaque jour par des bandes armées. Des enfants sont battus, torturés, ou enrôlés dans d'absurdes combats afin de devenir bourreaux à leur tour. Bernard Tapie et Cahuzac font joujou avec des millions d'euros. Des pays entiers meurent de faim... Mais sans doute est-il plus vendeur de consacrer dix minutes d'antenne à trois ou quatre pseudo-militantes qui arriveraient presque à rendre Monseigneur Léonard sympathique (c'est dire !), et qui détourneraient du féminisme Simone de Beauvoir elle-même.

Toutes jeunes, ces femelles en fureur, et le plus souvent jolies. On se demande d'ailleurs pourquoi les vieilles et moches n'utilisent pas les mêmes armes de persuasion massive… Et pourquoi les hommes, je veux dire les mâles, ceux contre qui elles s'insurgent, ceux qui nous voilent, nous enferment, nous prostituent, nous violentent, nous dominent, nous vendent et nous achètent, pourquoi ils ne font pas pareil afin de défendre leur point de vue, leurs idées, leurs causes. Vous me direz qu'il y a moins de place sur… euh… comment dire… enfin… vous me comprenez, pour étaler l'un ou l'autre slogan, fût-il simpliste. Surtout, ce serait moins joli. Mais tellement plus rigolo !

Choqué par mes idées (car j'en ai, moi aussi) et par ce texte (car je suis capable d'écrire plus de deux ou trois mots à la suite, et sur de tout autres supports que telle ou telle partie de mon anatomie) ? Que l'on ne se méprenne pas : je suis une femme, comme ces tristes greluches, une gonzesse, une meuf, une nana... Je suis pour la démocratie, comme à peu près tout le monde. Je trouve la prostitution et la corruption regrettables, comme tout le monde aussi. Je me bats pour l'égalité, pour le droit à la différence. Quant à la religion, je pense qu'elle doit rester du domaine privé. Il m'est arrivé quelquefois de produire l'un ou l'autre texte – et de le publier – sur des sujets qui me tenaient à cœur. J'ai signé des pétitions. Je me suis beaucoup indignée, et je reste révoltée par les abus de toute sorte. Il m'arrive d'agir dans le sens de mes convictions. Mais je ne crois pas que se déshabiller soit une forme d'action, et jamais, même en ma belle et trop lointaine jeunesse, je n'aurais accepté de m'abaisser ainsi, de me dévaluer moi-même. Oserais-je dire : de me dégrader de la sorte ?

Peut-être parce que j'attache plus d'importance au contenu de ma boîte crânienne et au fonctionnement de mes neurones qu'aux glandes mammaires dont la nature m'a gratifiée, et que j'accorde plus de crédit à la chose dite et écrite qu'à la chose gueulée et exhibée.

 

Habemus papam

Quant à donner un point de vue sur « le pape François », loin de moi cette outrecuidance. Nous verrons bien. Certes, il a « une bonne tête », ce qui, à mon humble avis, n’a jamais été le cas de son prédécesseur. Mais l’habit ni la tête ne font le moine (ou le pape), et la notion de « bonne tête » est somme toute assez subjective.

J’en conviens, il paraît sympathique, et son « buona sera » fut aussi surprenant qu’amical et peu protocolaire. Commencer son ministère pétrinien (si, si, c’est comme ça qu’on dit) en demandant aux milliers de fidèles présents de prier pour lui et de lui accorder leur bénédiction constitue sans nul doute une grande première et une intéressante inversion des rôles. Certes encore, il me semble avoir une petite ressemblance avec le météorique Jean-Paul Ier qui fut jadis l’objet d’une enquête historique de mon cru. J’ai lu aussi qu’il n’aime guère le luxe, qu’il a toujours été proche des pauvres et des habitants des bidonvilles. Le choix du nom de François qui rappelle celui du Poverello paraît éloquent à ce titre.

Tout cela sans doute peut sembler de bon augure, et l’on peut rêver d’un pasteur qui, tel celui qu’il représente sur Terre, se promènerait pieds nus sur les sentiers du Monde, jetant à bas les innombrables étals des marchands du temple, convertissant les lingots qui dorment dans les coffres des banques vaticanes en écoles, en hôpitaux, en riz, en programmes d’aide aux 448 millions d’enfants qui souffrent de la faim, aux 80 % de la population mondiale qui se partagent les 10 % de « richesses » laissées disponibles par les 20 autres % dont nous faisons partie. On peut rêver d’un homme qui nous expliquerait qu’ « à chaque jour suffit sa peine » et qu’il « est plus difficile à un riche d’entrer au royaume des cieux qu’à un chameau de passer par le chas d’une aiguille ». Comme il serait doux d’entendre une fois encore que « là où est votre trésor, là aussi est votre cœur », que « vous ne pouvez servir Dieu et l’argent », et qu’il faut « chercher premièrement le royaume de Dieu et sa justice, et tout le reste vous sera donné par-dessus ». Mais celui qui nous a enseigné tout cela, il a mal fini, comme chacun sait. Et je n’irai pas jusqu’à souhaiter la crucifixion de qui que ce soit, pas même celle d’un nouveau pape, fût-il argentin.

Quant à savoir s’il sera un bon pape… Il aura en tout cas du pain sur la planche.

D’ailleurs, suis-je concernée ? En fait, pas vraiment. Mais il n’en reste pas moins que le pape, bon ou mauvais, sympathique ou sinistre, jeune ou vieux, avant-gardiste (ça existe, ça ?) ou rétrograde, est pour un milliard et demi d’individus le représentant de Dieu sur Terre. Seuls les catholiques romains et les bouddhistes tibétains, pour ce que j’en sais, se groupent ainsi sous l’autorité morale et spirituelle d’un seul homme. Il exercera donc sur le monde, forcément, une certaine influence, liée au prestige de sa fonction et à son ascendant sur les centaines de millions de catholiques et même de chrétiens au sens large qu’il est chargé de guider sur les voies de la Justice.

Alors, wait and see, comme on ne le dit pas en latin.​

 

 

 

Le prince et le philosophe

Socrate

L'histoire des trois tamis de Socrate, ça vous dit quelque chose ?

Si vous avez été scout, vous devez connaître ce joli conte qui nous parle des trois filtres au travers desquels faire passer toute parole : le filtre de la vérité, celui de la bonté et celui de l'utilité. Belle histoire qui circule depuis toujours autour des feux de camp.

Internet (qui ferait bien d'appliquer la recette) propage cette légende comme il propage toutes les autres. Faites le test : tapez " Socrate " et " tamis ", et vous verrez apparaître 53.700 résultats en 0,28 seconde. Cinquante-trois mille sept cents sites qui se recopient et se plagient sans vergogne, cinquante-trois mille sept cents fois le même conte " attribué " à Socrate. Attribué par qui ? Ni par Platon ni par Xénophon, pour ce que j'en sais. Bien sûr, je ne sais pas tout, et je n'ai pas lu tous les textes grecs, tant s'en faut. Je n'ai en tout cas pas lu Socrate, pour la bonne et simple raison qu'il n'a jamais écrit une ligne. Le moindre potache passé par mes mains - si j'ose dire - le sait. Le plus nul des bacheliers français le sait. N'importe quel étudiant de première année d'université ou de haute école le sait. Notre prince héritier, par contre...

RoiTrès jolie fable que celle des trois tamis. On peut certes penser que le sage Socrate ne l'aurait pas désavouée. Quant à prétendre qu'il l'a inventée, c'est une autre histoire que rien, à ma connaissance, ne permet d'attester. Vraiment rien. Qui donc l'a créée et placée dans sa bouche ? Sans doute ne le saura-t-on jamais. J'imagine un vieux professeur de philo, tout chenu, mémoire brumeuse et parole fumeuse, ne sachant plus très bien ce qui est de lui et ce qui vient de l'antique dialecticien. Ou bien un quelconque chef de troupe ou d'unité scoutes, modeste au point de camoufler son génie derrière celui du premier des philosophes. Ou alors il s'agit de l'une de ces " légendes urbaines " comme on dit aujourd'hui, lancée par un mystificateur qui n'e prévoyait pas le succès de sa trouvaille. Si quelqu'un parmi les lecteurs de ce blog peut m'éclairer et m'indiquer la source écrite de cette anecdote (pour autant qu'elle existe), il aura droit à toute ma reconnaissance.

En attendant, résumons-nous. Le conte des trois tamis est joli, rempli de sagesse, édifiant à souhait. Socrate, s'il l'avait connu, l'aurait sans doute apprécié. Mais il y a peu de chances pour qu'il en fût l'inventeur. Quoi qu'il en soit, il ne l'a pas écrit ; ça, c'est une certitude.

Mais que vient faire le prince Philippe de Belgique dans cette affaire ?

Eh bien, figurez-vous que voici quelques jours, le mercredi 24 octobre pour être précis, le journal télévisé de la RTBF a consacré un sujet au couple princier qui se trouvait en visite à Liège, dans une " maison intergénérationnelle ". Une charmante dame prénommée Pascale, professeur de son état d'après François de Brigode qui présentait le JT (si elle est prof, ce n'est pas de philo, on peut en être certain), s'est mise à raconter l'histoire des trois tamis. Notre futur roi, jugeant sans doute qu'il n'est jamais trop tard pour s'instruire, l'a écoutée attentivement. Après quoi il a ri finement et s'est fendu d'un commentaire sur l'actualité de ce texte qui n'aurait pas été choisi au hasard. La dame, rougissante et la voix tremblante, a ensuite narré à la caméra que le prince s'était confié à elle. " Il m'a dit qu'il a beaucoup lu Socrate ", a-t-elle expliqué, " mais qu'il ne connaissait pas ce texte-là ". Si si, je vous assure, c'est exactement ce qu'elle a dit. Vous pouvez vérifier. 

C'est dans des moments comme celui-là qu'on se sent fier d'être belge, me suis-je dit tout émue à mon tour. Pensez donc ! Celui qui un jour régnera sur notre joli petit pays a beaucoup lu Socrate, qui n'a jamais rien écrit... C'est pas beau, ça ?

Mais ne me faites pas dire ce que je ne pense pas. Loin de moi l'intention de dénigrer, comme tant d'autres, la royauté, la monarchie ou la princière personne de l'héritier du trône.

Car après tout, peut-être a-t-il eu la chance de mettre la main sur de vieux manuscrits qu'il est le seul à connaître. Pourquoi pas ? Tout n'est-il pas possible dans un pays où de slimste Vlaming (l'autre futur roi de l'autre partie de la Belgique) a prouvé zijn slimheid (comment dit-on cela en français, déjà ? Slimitude, c'est bien ça ?) en perdant 58 kilos en neuf mois ? Est-ce un hasard, d'ailleurs, si le mot slim se traduit par " malin, rusé " en néerlandais, et par " mince " en anglais, " le plus malin des Flamands " devenant très logiquement " le plus mince des Flamands " ?

Mais revenons à Philippe. Vu qu'il me semble peu probable d'imaginer notre Prince en archéologue découvreur de textes qui n'ont jamais existé, je préfère porter ses propos au crédit du célèbre et universellement reconnu "surréalisme à la belge", ou à celui de notre zwanze bruxelloise. A moins, bien sûr, qu'il n'ait jamais rien dit de tel et que ce soit Dame Pascale qui a cafouillé, inventé, fantasmé, menti... Peut-être même a-t-elle été missionnée par l'infâme Deborsu, désireux de poursuivre à travers elle son travail de sape. Vraiment, tout est possible. Sauf une chose, qui serait de soupçonner notre prochaine Altesse de feindre et d'étaler une culture qu'il ne possède pas.

Certes, tout le monde n'est pas obligé d'être familier de Socrate ou de maîtriser la philosophie grecque. Mais il me semble qu'il est toujours préférable de se taire, quand on ignore quelque chose, plutôt que de se décrédibiliser en prétendant connaître... ce qui n'existe pas.

Mais rassurez-vous: le ridicule ne tue pas. La ciguë, par contre...